Vers un nouvel art de bâtir - nos villes vont cesser d’être le bras armé d’une vieille doctrine totalitaire : celle du robot-ogre, normalisé et globalisé, dont la beauté de brute ne s’exprime qu’en formatant ses habitants et en violant les paysages. Elles vont se différencier peu à peu comme autant de concrétions naturelles où s’accumuleront ingénieusement les ressources locales, les cultures, les désirs et savoir-faire.

"VV" - un blog pour imaginer cette mutation, partager nos expériences, discuter, se rencontrer, proposer...

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10 août 2012

en cotentin

dessin A.S.


Ici, dans ce recoin du monde, nous goûtons pleinement le vernaculaire, exception en Normandie. Du cidre et du fromage sans étiquette, du poulet qui marche dans la ferme et de l’agneau dans les prés salés, des pains de 4 livres, etc. Fouillons avec lenteur pour trouver, sympathiser, échanger. Il faut revenir et prendre des risques car ces produits sont strictement interdits par l’Europe, dangereux pour la santé, non-normalisés.Il faut une flore intestinale locale ou s’y adapter.

Quant au paysage, l’architecture peut changer d’un village à l’autre en fonction du sol : ici une terre épaisse, là un banc de schiste,juste à côté un socle de granit, et un peu plus loin du grès ou un filon de quartzite. Les bâtiments "anciens", disons construits suivant des méthodes traditionnelles, nous exposent directement la nature du sous-sol. Il est incroyable de voir aujourd’hui encore des habitants reprendre eux-mêmes les murs délabrés d’une maison. Pas certain qu’il y ait un permis de construire, en tous les cas rien de visible… Mais il reste un savoir-faire et visiblement tout le monde se rassemble pour le coup de main. Il y en a toujours un qui connait, qui apprend, qui trouve.

Ici, nous sommes aux côtés des "terres vaines et vagues", ces territoires que l’on ne peut pas occuper définitivement : marais, marécages, landes, bruyères. Sans propriétaire, ces terres restent un "bien commun", celui qui habite les rives pouvant y mettre ses bêtes à la belle saison. Ce que l’on faisait sans y réfléchir depuis des milliers d’années jusqu’à ce qu’un puissant affirme en être le seigneur et donne des autorisations.Une propriété ? Non, un vol, celui qui marque le début de la fin, quelque part autour du XIIIe siècle. Mais c’est chose difficile, ici, en Cotentin, où la notion de "bien commun" est encore et toujours dans les mémoires et dans les usages.

1 commentaire:

  1. Les communes corses, antérieures à l'occupation génoise, devaient être de cet acabit !

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