Vers un nouvel art de bâtir - nos villes vont cesser d’être le bras armé d’une vieille doctrine totalitaire : celle du robot-ogre, normalisé et globalisé, dont la beauté de brute ne s’exprime qu’en formatant ses habitants et en violant les paysages. Elles vont se différencier peu à peu comme autant de concrétions naturelles où s’accumuleront ingénieusement les ressources locales, les cultures, les désirs et savoir-faire.

"VV" - un blog pour imaginer cette mutation, partager nos expériences, discuter, se rencontrer, proposer...

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17 août 2012

utopie now

L’Utopie est le symbole d’une modernité effrayante car le monde qui l’a vu naître, de Thomas More à William Morris, a été submergé par ce que l’on considère désormais comme son aboutissement dans l’horreur : le totalitarisme, l’univers d’Orwell. L’année 1945 marque ainsi la fin officielle des modèles utopiques interprétés comme l’application d’une abstraction à l’humanité. Mais utopie et totalitarisme sont-ils vraiment dans une relation de cause à effet ? La recherche d’un « modèle de société » depuis la Renaissance, est-elle bien celle qui a mis en place les tyrannies dévastatrices du fascisme ou du communisme ? N’est-ce pas plutôt un poncif ?

La preuve est maintenant sous nos yeux : la société post/hyper-industrielle contemporaine est aussi celle du lissage, du standard et de la surveillance. Pourtant, la destruction de la diversité ne s’y est pas imposée « par l’utopie », il n’y a même pas eu de violence apparente mais juste une obligation morale, inexprimée, déduite par défaut - ce qu'indique bien C.M.dans son article sur le futurisme. Le résultat est le même : un simple tour dans un super, hyper ou discount montre que les produits ont le même goût et la même provenance, parfois un étiquetage comparable à celui que l’on observait dans les boutiques soviétiques des années 1960. Certes, il n’y a ni problème d’achalandage, ni de queue interminable, mais les caddies vides sont de plus en plus nombreux. Il en est de même pour les logements : tous normalisés et de plus en plus inaccessibles ! Parlons de l'humain : si nous n’avons pas "épuré les races", nous avons tout de même "normalisé les comportements"…


Osons un constat : l’absence actuelle d’utopie et de projet n’a jamais protégés nos imaginaires des échos venus du passé. Nous nous sommes au contraire fixés en 1945 et nos impensés restent ceux de cette année-là, alors que nous vivions l’apogée des totalitarismes avec leurs morales et leurs modèles : normalisation et sélection y occupant une bonne place, des idéaux qui se prolongent insidieusement de nos jours. Si l'on voit l'utopie comme une "mise en abstraction de la société", nous commettons une grave erreur : elle n'est qu’un outil pour penser la cohérence d’un projet sociétal, un peu comme une modélisation informatique, et elle ne peut donc être simplement considérée comme responsable des terrifiantes erreurs modernes. Il serait donc judicieux d’accuser certains idéaux indicibles (comme ceux que nous partageons encore avec les totalitarismes) plutôt que l’outil ayant servi à les « relier entre eux ». Si nous ne voulons pas en rester au système de valeurs qui s’est implanté dans la plus terrifiante des périodes de l’histoire humaines, Il est temps, donc, de repenser nos imaginaires, nos morales et surtout d’en chercher une expression descriptive : l’utopie.

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