Vers un nouvel art de bâtir - nos villes vont cesser d’être le bras armé d’une vieille doctrine totalitaire : celle du robot-ogre, normalisé et globalisé, dont la beauté de brute ne s’exprime qu’en formatant ses habitants et en violant les paysages. Elles vont se différencier peu à peu comme autant de concrétions naturelles où s’accumuleront ingénieusement les ressources locales, les cultures, les désirs et savoir-faire.

"VV" - un blog pour imaginer cette mutation, partager nos expériences, discuter, se rencontrer, proposer...

.

.


8 juin 2012

4810 mètres

 § tourisme / textes et dessin A.S.

La première ascension connue du Mont Blanc eut lieu en 1786. Aujourd’hui ce sont plus de 30 000 personnes qui y accèdent chaque année. Avec la mondialisation touristique on pense que ce chiffre pourrait atteindre 300 000. Au musée du Louvre, la Joconde, qui est une sorte de Mont Blanc culturel, n’est pas en reste. Elle voit, de derrière sa vitre blindée, défiler chaque année, des millions et des millions de visages à la peau brune ou constellée de taches de rousseur, d’yeux ronds ou bridés, curieux ou indifférents. La poésie est-elle au rendez-vous ? Une fois, cent fois, un million de fois ?


Posée entre l’étang et la mer, la cathédrale de Maguelone est un superbe vestige du onzième siècle, un refuge pour méditer, dessiner, chanter… Mais à partir de juin, le piège à touriste se met en place.
Il y a des sous à se faire ! Quatre euros pour stationner et plus encore si on prend le petit train sur pneus avec cheminée postiche qui franchit les deux kilomètre et demi qui sépare le sanctuaire du parking. Sous les puissantes voutes, ce jeudi, on avait aligné des rangées et des rangées de chaises en plastique façon cantine scolaire. Face à ces chaises, une estrade pour orchestre occultait l’autel pendant que des spots électriques s’efforçaient d’égayer les membrures de la nef d’habitude obscure.

La poésie. Quelle poésie ?
Il faudra revenir en automne.




3 commentaires:

  1. Impossible d'y croire, en effet ! Sans critiquer le touriste que nous sommes tous, constatons juste que ce n'est plus un imaginaire romantique qui nous accompagne dans nos aventures, dans nos visites. Nous sommes très loin du sentiment de l'être seul au bord du gouffre, comme nos ancêtres lointains. Depuis, les vaniteux ont écrasé les Vanités... Il s'agit juste de dire "j'ai fait le Mont-Blanc", ou les pyramides, ou le Parthénon. Un seul sentiment : celui d'exister, de le dire pour rendre utile la chose, de la photographier pour preuve, de la mettre sur facebook. Une illusion d'aventure que chacun sait, au fond, FAUSSE. Ce n’est qu’une parenthèse. P.G.

    RépondreSupprimer
  2. Allons encore plus loin:
    les touristes ne vont même plus voir La Joconde pour dire qu'ils l'ont vu mais ils vont la photographier sans la regarder (la voir) pour pouvoir montrer à ceux qui n'y sont pas encore allés.....mise en abîme?...déjà dans l'abîme...
    E.G.

    RépondreSupprimer
  3. Comment entretenir la poésie, la méditation, l'observation silencieuse, dans un monde démocratique? Comment distribuer au plus grand nombre la culture sans la tuer en même temps? En relocalisant, même le tourisme (faute de carburant). En remplaçant le voyage touristique par deux activités: le voyage de métier (copistes, photographes, cinéastes, architectes, écrivains, journalistes ...) où chacun serait chargé de rendre compte de ce qu'il a vu pour le transmettre à sa collectivité, et le voyage spirituel (pèlerins, vagabonds, gens du voyages...). L'objectif étant de tuer l'industrie touristique et de permettre l'artisanat.

    RépondreSupprimer