dessin A.S.
Banal -. Chacun doit connaître l'aphorisme d'Auguste Perret : "Celui qui, sans trahir les matériaux ni les programmes modernes, aurait produit une œuvre qui semblerait avoir toujours existé, qui, en un mot, serait banale. Je dis que celui-là pourrait se tenir pour satisfait. Car le but de l’art n’est pas de nous étonner ni de nous émouvoir. L’étonnement, l’émotion sont des chocs sans durée, des sentiments contingents, anecdotiques. L’ultime but de l’art est de nous conduire dialectiquement de satisfaction en satisfaction, par delà l’admiration, jusqu’à la sereine délectation".
Le banal est le noir entre les étoiles, le silence entre les notes de musique, les blancs entre les caractères du texte, l'herbe, dans une prairie. C'est un fond d'écran, un geste quotidien. Il est de tous les jours, de tous les instants, de tous les lieux. Il semble là de manière permanente, suivant une vérité locale et une simplicité atemporelle. Nous savons que le banal peut être un mal ou un bien - comme un individu est d'un caractère heureux ou triste, méchant ou sympathique. Après, chacun à ses bons et ses mauvais moments, des évènement où l'on peut se révéler tout autre. Instant de bonheur dans une vie de tristesse, moment de colère pour un tempérament pacifique. Ou, plus simplement, des variations, des contrepoints, des absences, des densités.
C'est très bien d'avoir cité ce paragraphe de Perret en entier et la dernière phrase me parait très sibylline et désuète.
RépondreSupprimerLe mot banal m'évoque le four banal (dont les gens d'une seigneurie étaient obligés de se servir en payant une taxe au seigneur du fief)et je trouve dans le Littré 2006: banal, "sens figuré: qui se met à la disposition de tout le monde. Commun et trivial." Je cherche trivial et je vois que cela vient du carrefour (3 voies)...trivialis. C'est là où l'on converge mais aussi où on pourra diverger...
Bref c'est une banalité au service du commun. Les petites maisons individuelles au milieu de leur parcelle ne peuvent pas être mesurées à l'aune du banal, elles respectent une règle d'urbanisme (à 4m de la limite parcellaire) et répondent à un désir largement partagé (la vacance au bord d'une piscine, dans le doux bruit de la pompe) mais elles tournent délibérément le dos au collectif. Comme quoi les désirs communs et les règles d'urbanisme, même liés ensemble, ne parviennent pas à créer une collectivité.